« Voilà trente-cinq ans que nous collectionnons. Une passion dévorante, trente-cinq ans passés à acheminer, classer, rassembler des œuvres d’art, avec l’idée de parvenir à l’ensemble cohérent dont nous rêvions. Cent mille salons, expos, débats, articles, livres, vidéos, films pour constater l’infinité du domaine de création artistique, avec ce sentiment toujours plus fort qui nous tenaille quant à la modestie de notre savoir. »
Auberive, un écrin pour une passion dévorante (extrait), Jean-Claude Volot
Beaux Arts éditions, L’abbaye d’Auberive, juin 2015.
Adolphe Vuillemot. Sans titre (détail), circa 1920, crayon noir sur papier, 45.8 x 64.5 cm. Photo Patrice Bouvier
Collectionneur, chef d’entreprise, maire de son village et vice-président du Parc National de Forêts, Jean-Claude Volot est aussi le fondateur du centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive. Fervent amateur des œuvres de Paul Rebeyrolle, de Jean Rustin, de Lydie Arickx ou de Stani Nitkowski, il est aussi un ardent défenseur d’art brut, singulier et d’art des marges, de Fred Deux à Pierre Bettencourt.
Jean-Claude Volot est né en Haute-Marne en 1949. Élevé dans un milieu modeste, il est le seul fils d’une fratrie de huit enfants. Après des années d’internat et son bac en poche, il décide en 1968 de s’inscrire dans une école d’ingénieurs malgré sa passion des lettres et des arts. Cinq ans plus tard, il sort diplômé de l’École nationale d’ingénieur de Metz et épouse une jeune fille chaumontaise, Dominique Monssu. Ensemble, ils débarquent à Paris. Après une nouvelle formation, Jean-Claude Volot prend les rênes d’une petite entreprise de mécanique dont il engage la mutation vers le domaine des polymères haut de gamme.
Si son aventure entrepreneuriale débute à Clamart, elle se poursuit à Toulouse, en 1989, puis à Albi et, aujourd’hui, à Miami aux États-Unis, ainsi qu’à Zhuhai en Chine. Une réussite qui a tout à voir avec sa collection d’œuvres d’art. « J’ai donc gagné assez d’argent, assez rapidement, pour nous permettre d’acheter nos premières pièces », confie-t-il à la journaliste Marie-Laure Desjardins. « À l’époque, je n’avais pas l’idée de constituer une collection, je me disais que tant qu’à mettre une chose au mur autant qu’elle nous plaise, qu’elle nous ressemble. »
Et de poursuivre : « Certains achètent ce qui leur est conseillé, mais ne vivent pas bien avec leurs œuvres. Quand vous êtes sincère, celles que vous acquérez sont à votre image. Quand j’en ai eu une dizaine, j’ai remarqué que les amis qui me parlaient d’elles me parlaient de moi. »
Pour Jean-Claude Volot, la culture artistique se construit au fil du temps, à force de volonté. Tout part du sentiment. La réflexion vient ensuite.
Été 2004, Dominique et Jean-Claude Volot sont à la recherche d’une propriété pour y installer leur collection d’art contemporain. C’est l’abbaye d’Auberive qui les conquiert et les ramène ainsi dans leur département d’origine, la Haute-Marne. Le centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive présente, chaque année, une exposition thématique autour de ce fonds de juin à septembre.
« Parmi les collectionneurs, peu sont allés aussi loin que moi dans ces veines-là. » Les artistes qu’il collectionne ont en commun la figure humaine. Une manière intime et saisissante de parler de l’homme et de son chemin. « Pour moi, il s’agit des singuliers et des expressionnistes d’après-guerre, sur trois générations. Le plus ancien de ma collection est Chaissac, exception faite d’épreuves d’art brut qui datent de la fin du XIXe siècle et que j’ai eu le bonheur de récupérer, venant d’une brocante. Le plus jeune est probablement une femme, Margaux Salmi », décrit-il.